Après des mois de négociations, le Royaume-Uni de Boris Johnson et l’Union européenne (UE) ont finalement signé un accord le 24 décembre 2020. Cet accord prévoit notamment que le Brexit n’entraînera pas l’instauration de taxes et de droits de douane supplémentaires pour les marchandises.
L’accord a été approuvé par le parlement britannique le 30 décembre 2020 et il est appliqué depuis le 1er janvier 2021. Les capitalistes anglais et européens se sont réjouis d’avoir évité la réintroduction des droits de douane qui auraient freiné la circulation des marchandises et impacté leurs profits.
Les importations et les exportations, d’un volume de 700 milliards d’euros par an, continueront à se faire sans taxes ni quotas. Pour préserver son accès au marché européen et à ses 450 millions de consommateurs, la Grande-Bretagne accepte de s’aligner sur les normes sociales et environnementales de l’UE. Les capitalistes de l’UE craignaient une concurrence des marchandises britanniques produites à plus bas coût. De son côté, l’UE a concédé que ses pêcheurs renoncent progressivement d’ici cinq ans à 25 % des poissons qu’ils pêchent actuellement dans les eaux britanniques. Ce chiffre qui permet à Johnson d’afficher une petite victoire auprès des souverainistes, reste très symbolique par rapport aux 80 % exigés au départ.
Malgré son adoption, l’application de cet accord demeure problématique. Depuis le 1er janvier 2021, les contrôles douaniers ont fait leur retour, certes sans taxes supplémentaires mais avec toutes les formalités administratives, coûteuses et chronophages que cela suppose.
Depuis des années, une partie des politiciens britanniques se sert du rejet des institutions européennes pour répondre au mécontentement de la population face aux conséquences de la crise économique. Leur surenchère a conduit à l’organisation du référendum de juin 2016 qui a vu les partisans de la sortie de l’Union européenne l’emporter. C’est suite à ce référendum que Boris Johnson, leader des souverainistes pro-Brexit, est devenu Premier ministre. Contrairement aux promesses mensongères qu’il avait faites, il n’y aura pas moins de licenciements, moins de chômage et moins de pauvreté en Grande-Bretagne grâce au Brexit. Au contraire, le patronat britannique voudra faire payer aux travailleurs et aux consommateurs tous les frais supplémentaires, notamment ceux occasionnés par le rétablissement de nombreuses formalités administratives.
Après la victoire des pro-Brexit lors du référendum de 2016, les leaders des partis nationalistes d’extrême droite en France avaient emboité le pas à Johnson en réclamant le Frexit, la sortie de la France de l’Union européenne.
Dans le monde capitaliste, les bourgeoisies nationales veulent tirer profit à la fois du protectionnisme, c’est-à-dire le marché national protégé par des frontières, mais aussi du développement d’un grand marché d’échanges au-delà de leurs frontières nationales. Cette contradiction apparente du système capitaliste nait de la course au profit et de la concurrence entre les grandes bourgeoisies.