Le 5 octobre 1934, les ouvriers du bassin minier des Asturies, une région du Nord de l’Espagne, se lançaient dans une insurrection armée contre le gouvernement réactionnaire. Organisés et déterminés, ils menèrent la lutte durant près de deux semaines avant d’être vaincus par les forces contre-révolutionnaires.
Dans les années 1930, le peuple d’Espagne vit toujours dans une situation quasi-féodale. La population, majoritairement paysanne, est assommée par la misère, le chômage et la faim.
La crise entraina la chute de la monarchie en 1931. Le 14 avril 1931 la IIème République d’Espagne fut proclamée à la suite de la victoire des partis de gauche aux élections municipales.
L’extrême droite entre au pouvoir
Le nouveau gouvernement entama des mesures agraires, sociales et économiques insignifiantes vis-à-vis des classes exploitées. Il ne répondait pas aux aspirations des masses et n’hésitait pas à les trahir par exemple en écrasant les luttes paysannes pour la redistribution des terres.
En 1933 l’extrême droite fascisante parvint à entrer au pouvoir par la voie électorale. Elle ne tarda pas à s’en prendre à toutes les avancées sociales, aussi infimes soient-elles. Paysans et ouvriers ne restèrent pas sans réagir. Il y eut 1 100 grèves en 1933, et durant l’été 1934 une grande vague de grève survint parmi les paysans qui refusèrent de moissonner.
Lorsque trois membres de la droite réactionnaire firent leur entrée comme ministres au gouvernement le 4 octobre 1934, les ouvriers conscients organisés dans des « Alliances ouvrières » se soulevèrent à Madrid, en Catalogne, au Pays Basque et aux Asturies. Mais seuls les ouvriers de la région minière des Asturies menèrent le combat.
Le soulèvement des mineurs
Aux Asturies, les ouvriers étaient préparés au combat depuis longtemps. À l’initiative des militants locaux de toutes les organisations de gauche et d’extrême gauche, y compris de la CNT (le syndicat anarchiste), ils s’étaient concertés au sein d’une Alliance Ouvrière pour préparer l’insurrection. Ils s’étaient secrètement approvisionnés en armes.
Le 5 octobre, près de 25 casernes de la Garde Civile furent prises par les ouvriers révolutionnaires. Les ouvriers occupèrent l’importante usine d’armement de Trubia et s’approvisionnèrent en armes.
En 24 heures ils prirent le contrôle des zones minières du centre des Asturies. Les ouvriers révolutionnaires se dirigèrent alors vers Oviedo, la capitale où siège le gouvernement régional. Ils gagnèrent les premières batailles face aux forces contre-révolutionnaires et prirent des points stratégiques.
Des comités révolutionnaires se formaient dans les villes et villages, ils prenaient les décisions sociales sur l’approvisionnement en vivres, en armes… Les usines et les mines continuaient de fonctionner sous le contrôle des ouvriers.
La réaction du gouvernement
Immédiatement le gouvernement prononça l’État de guerre. Il mobilisa 2 500 hommes et demanda le renfort de 15 000 hommes de toute l’Espagne, du Maroc et mobilisa la Légion. Pour écraser la révolution la voie aérienne fut utilisée, les avions bombardaient intensément. C’est un certain général, Francisco Franco, qui fut désigné pour réprimer la révolution.
Du côté des insurgés les armes et munitions manquèrent rapidement, les mineurs avaient recours principalement à la dynamite. De manière générale les ouvriers firent preuve d’une grande ingéniosité pour s’armer.
Le 11 octobre les forces contre-révolutionnaires entrèrent à Oviedo. La lutte de résistance était acharnée, les combats héroïques. Mais le 15 octobre Oviedo tomba aux mains de l’armée. Le 18, le principal comité révolutionnaire se réunit et décida d’abandonner le combat. Après la défaite, la répression fut atroce. Du côté des insurgés il y eut 3 000 tués et 7 000 blessés, 40 000 personnes incarcérées.
L’insurrection étaient victime de son isolement et de l’immobilisme des dirigeants socialistes du pays mais elle constitua un exemple et un espoir de victoire future pour la classe ouvrière.
Aux cris de « Unissez-vous, frères prolétariens », ces ouvriers des Asturies avaient mis sur pied une véritable Commune ouvrière révolutionnaire !