Ferdy Louisy, le président du Syndicat Mixte de Gestion de l’Eau et de l’Assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG) s’est adressé aux salariés dans une « Lettre du président au personnel » datée du 25 novembre 2024.
Il écrit ceci : « Je tiens à vous informer que concernant vos salaires de novembre, malgré une trésorerie très dégradée j’ai priorisé leur paiement au détriment du délai légal de paiement des fournisseurs.» Cela sous-entend-il que les salaires de décembre et des mois suivants ne sont pas assurés ?
Le président écrit plus loin : « Nos financeurs principaux, à savoir l’État, la Région et le Département, ne pourront pas, à eux seuls, combler le déficit structurel du Syndicat Mixte de l’Eau et de l’Assainissement de Guadeloupe. »
Ne peuvent pas ou ne veulent pas ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit. D’une volonté politique.
En 2021, l’État a fait dissoudre le SIAEAG pour créer le SMGEAG qui regroupe la majorité des régies des eaux de Guadeloupe. Sauf que le nouveau SMGEAG a hérité de la gestion chaotique du SIAEAG. Pendant des années, des malversations et des détournements de fonds plombaient les finances du SIAEAG. Le président de l’époque, Amélius Hernandez, a été condamné pour cela. Mais beaucoup d’autres complices, parmi le personnel politique local, n’ont jamais été condamnés.
Parallèlement, l’État a laissé la Générale des Eaux (filiale de la multinationale Véolia), opérateur du réseau d’eau, empocher des profits sans jamais rendre de comptes. La Générale des Eaux a quitté la Guadeloupe en laissant un réseau tellement pourri que des milliers de personnes sont privées d’eau potable au quotidien. De plus, avant de partir la Générale des Eaux avait même obtenu le versement de plusieurs millions d’euros de la part des autorités publiques.
Ce n’est pas aux salariés de faire les frais de ce « déficit structurel » dont parle aujourd’hui Ferdy Louisy. Ni aux usagers qui n’ont pas une eau potable et en quantité suffisante depuis des années.
En septembre dernier, 48 millions d’euros auraient disparu des comptes du SMGEAG. Le Comité de suivi national avait décidé de suspendre le versement des subventions de l’État au SMGEAG pour « défaillance comptable ».
Le SMGEAG n’a qu’à se retourner contre tous ceux qui profitent grassement de l’argent public. Et contre l’État qui refuse de verser les deux ou trois milliards d’euros nécessaires pour réparer entièrement le réseau et les stations d’épuration.