Durant la semaine du 20 février plusieurs quartiers de Port-au-Prince ont été de nouveau attaqués par les bandits.
Face aux hommes armés du groupe Viv Ansanm, les policiers avec un armement insuffisant ne pèsent pas lourd ; les renforts de la force de sécurité multinationale sont absents le plus souvent. Pour protéger leurs quartiers, les habitants installent des barrages de pneus enflammés et de carcasses de véhicules. Ce sont leurs moyens pour ralentir la progression des gangs, bloquer les axes routiers.
Le lendemain des attaques c’est le décompte des morts, des blessés et la désolation parmi la population qui attend que les forces armées assurent sa défense car elle se retrouve sans armes face aux bandits. C’est ainsi que des milliers d’habitants, après avoir fui leurs quartiers occupés par les bandits, tentent de quitter Haïti pour Saint-Domingue ou les États-Unis.
Face à cette tendance les dirigeants de ces pays augmentent leur arsenal pour bloquer l’entrée des Haïtiens qui essaient de sauver leur vie. Aux États-Unis il existe un « statut de protection temporaire » (TPS). Il est accordé aux citoyens étrangers dont la sécurité n’est pas assurée s’ils rentrent dans leur pays en raison de conflits, de catastrophes naturelles ou d’autres conditions « extraordinaires ». Il ne permet pas de devenir citoyen américain.
Alors que le TPS avait été prolongé pour les Haïtiens jusqu’en février 2026, le ministère de la Sécurité intérieure a annoncé que ce statut sera supprimé le 3 août 2025. Plus d’un demi-million d’Haïtiens sont menacés par cet arrêté. Trump avait promis pendant sa campagne de lancer « le plus grand programme d’expulsions de l’histoire américaine », il le met en application.
De son côté, le président de la République dominicaine continue son projet de construction d’un mur la séparant d’Haïti. Un tronçon de 34 kilomètres a été construit depuis 2021 et l’armée patrouille le long des barbelés tirant sur ceux qui s’approchent. Le 18 février il a annoncé qu’il veut encore l’allonger d’une dizaine de kilomètres, des promoteurs se ruent déjà sur ce projet annonçant des bénéfices. Il est prévu d’étendre à 176 kilomètres cette barrière sur les 340 kilomètres de frontière entre les deux pays. Il reste encore des centaines de kilomètres de frontière dans la montagne connus des passeurs, hors de portée des gardes-frontières.
Ces actions, destinées selon les présidents de ces pays à endiguer l’immigration, sont autant de manœuvres infructueuses. Elles n’empêchent pas ceux qui veulent échapper à cette prison à ciel ouvert de tout faire pour en sortir. Pour l’instant c’est par des tentatives individuelles, jusqu’au moment où ils arriveront à s’organiser ensemble et se donner une direction révolutionnaire pour affronter les gangs armés et renverser leurs créateurs et commanditaires : les bourgeois.