Les premiers barrages routiers ont été érigés le 15 novembre par des salariés en grève contre les suspensions liées à l’obligation vaccinale.
Puis à partir du 17 novembre, les jeunes des quartiers populaires ont érigé de nouveaux barrages. Depuis, quasiment toute l’île est paralysée. Il y a des barrages sur les principaux axes : à Perrin aux Abymes, dans le quartier de Bouliqui aux Abymes, à Mare-Gaillard au Gosier, à Montebello Petit-Bourg, à Capesterre-Belle-Eau, à Gourbeyre, à Mahault Pointe-Noire. Ce dernier a été dégagé par les gendarmes le samedi 27. Mais peut être a-t-il déjà été reconstruit.
Ceux qui tiennent les barrages se sont organisés pour rester en permanence sur place, jour et nuit. Ils sont soutenus par les organisations syndicales et politiques qui ont lancé le mouvement et par la population qui leur apporte à boire et à manger.
Ils ont mis en place un système de filtre pour laisser passer les véhicules de secours et le personnel soignant.
Les discussions permettent de constater que la colère va bien au-delà de l’obligation vaccinale. Ces jeunes et moins jeunes sont des travailleurs, beaucoup des chômeurs et des précaires. Ils expriment leur ras-le-bol de la misère et surtout du mépris des autorités. L’un deux a dit sur le barrage de Four-à-Chaux, à Capesterre-Belle-Eau, qu’il veut aller plus loin que ce qui avait été fait pendant la grève générale de 2009. Parce que les autorités signent des accords pour ne pas les respecter ensuite et les choses deviennent pires qu’avant.
Il y a des discussions sur les relations entre les jeunes et leurs aînés, entre les hommes et les femmes, sur la religion. Un jeune du barrage de Montebello a dit qu’il ne prie pas parce qu’il ne veut pas se mettre à genou devant une puissance qu’il n’a jamais vue. Il préfère compter sur lui-même.
Lorsque l’État a annoncé l’envoi de renforts du GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) et du RAID en Guadeloupe, un jeune du barrage de Montebello s’est écrié : « Alors-là ! Ils refusent de discuter ! Grosse erreur de la part des autorités ! On tiendra nos barrages à la vie à la mort ! ».
Certains barrages sont levés par les forces de répression mais ils sont remis aussitôt par les riverains. À Bouliqui, un jeune a été blessé à la cuisse par un projectile lancé par les forces de l’ordre.
Pour le moment, ces actes de répression n’ont pas découragé tous ceux qui tiennent les barrages. Des militants de Combat ouvrier participent à la vie de ces barrages.