CO N°1252 (28 novembre 2020) – Martinique – Un plan chlordécone 4 en trompe l’œil !

La présentation du quatrième « plan chlordécone » pour la période 2021-2027 a été faite le 18 novembre par le préfet Stanislas Cazelles. Pour sa part le ministre des outremers annonçait en septembre que le nouveau plan chlordédone « tiendrait compte des 42 propositions de la commission d’enquête parlementaire » présidée par le député Serge Letchimy. La présentation du représentant de l’État est loin d’avoir convaincu de la volonté de l’État de tout mettre en œuvre pour faire face à ce scandale.

La communication du préfet s’est notamment faite autour du triplement des sommes allouées à la mise en œuvre dudit plan par rapport au précédent. Elles s’élèveront à 92 millions d’euros. Mais vu l’ampleur des tâches à entreprendre ou à suivre, face aux dégâts occasionnés et à l’urgence, ce montant est en réalité dérisoire. Pour s’en convaincre on peut le comparer au montant du prêt garanti par l’État (PGE), soit 115 millions d’euros, accordé dernièrement au seul groupe Bernard Hayot, le plus riche des outremers.

La présidente de l’AMSES – Martinique (Association médicale de sauvegarde de l’environnement et de la santé), le Docteur Jos Pélage, s’est exprimée sur les ondes en relevant que de nombreuses actions présentées aujourd’hui étaient déjà envisagées lors du premier plan datant de 2007. Treize ans plus tard, on en est toujours à l’heure des « intentions ».

Il n’y a rien de précis quant au recensement des ouvriers agricoles exposés au chlordécone et autres pesticides, et à leur prise en charge. Ce sont eux qui subissent le plus et de plein fouet les dégâts : cancer, maladies, décès.

Et puis dans ce plan, il n’y a rien sur le volet judiciaire. L’État se dédouane à bon marché. Les empoisonneurs, les gros planteurs békés, ne sont toujours pas inquiétés. Évidemment ils sont complices dans cette affaire. L’État et les gros possédants au service desquels il a officié ne sont pas quittes.

C’est déjà grâce à leurs mobilisations que salariés et populations, avec leurs syndicats, associations, partis, ont pu obliger l’État à s’engager dans certaines actions visant à améliorer la protection des populations. Aujourd’hui, pour sortir de la situation mortifère engendrée par l’empoisonnement aux pesticides, l’État doit aller plus vite et plus loin, mettre plus de moyens humains et matériels. Pour cela, les mobilisations du plus grand nombre sont nécessaires.