CO N°1280 (26 février 2022) – Il y a 200 ans : L’exécution de l’esclave Gertrude

Le 8 février 1822, une femme esclave de 56 ans nommée Gertrude est pendue puis brûlée sur la place de l’église de Petit-Bourg (Guadeloupe). Elle était accusée d’avoir empoisonné des maîtres d’esclaves.

Cette histoire commence sur l’habitation Clermont de Petit-Bourg. Le propriétaire et maître d’esclaves François de Fougières soupçonne des empoisonnements après la mort de sa femme de 19 ans, Claire de Bragelongne d’Estinville, et du frère de celle-ci âgé de 25 ans.

Après la plainte de François de Fougières, sept esclaves de différentes habitations – dont une majorité de femmes – sont arrêtés. Gertrude en fait partie.

Le 17 janvier 1822, elle fut condamnée à mort par le tribunal. Les autres seront emprisonnés ou remis à leur maître.

Les autorités ont voulu faire de l’exécution de Gertrude un exemple pour effrayer les autres esclaves : 500 d’entre eux ont été conduits au bourg pour assister à l’exécution.

Huit ans après avoir aboli l’esclavage en 1794, les autorités françaises l’ont rétabli en 1802 en matant la révolte anti-esclavagiste menée par Ignace et Delgrès. Mais les maîtres vivaient perpétuellement dans la frayeur de nouvelles révoltes et craignaient le mawonaj (la fuite des esclaves vers des camps dans la montagne), les incendies de plantation et les empoisonnements.

En 1801, après des soupçons d’empoisonnement à Petit-Bourg, onze esclaves de l’Habitation La Saussaie appartenant au Comte de Bouillé, avaient été fusillés.

La moindre épidémie dans un troupeau de bestiaux, ou la mort prématurée d’un Blanc était l’occasion de chercher de prétendus empoisonneurs parmi les esclaves. Une véritable « chasse aux sorcières » fut lancée sous l’égide du Comte de Lardenoy, gouverneur de la Guadeloupe. C’est dans ce contexte que Gertrude fut exécutée en 1822.

Aujourd’hui, une place de Petit-Bourg porte son nom et un monument a été édifié en son honneur.

Mais actuellement, encore trop de lieux-dits, de sections, de rues portent le nom d’anciens esclavagistes, de gouverneurs sanguinaires…

Ces lieux doivent être débaptisés pour être rebaptisés du nom de ceux, femmes et hommes, qui ont résisté à l’esclavage et ont lutté pour leur liberté.