CO N°1298 (14 janvier 2023) – Un non-lieu, reflet des injustices de classe et du mépris colonial. Un système à renverser

Le lundi 2 janvier, après quinze ans de procédure, le tribunal de Paris a prononcé un non-lieu dans l’affaire de l’empoisonnement au chlordécone des populations de Martinique et de Guadeloupe. Le non-lieu a été adressé le mercredi 4 janvier par courrier aux avocats des associations martiniquaises et guadeloupéennes qui avaient saisi la justice en 2006. Ils feront appel.

C’est une décision judiciaire prononcée sans aucune mise en examen : ni celle des capitalistes possédants békés, exportateurs ou planteurs, ni celle de l’État et ses ministres complices au service de ces capitalistes.

À l’annonce du non-lieu, la population a manifesté sa colère et son indignation face à ce qui apparait bien comme un scandale judiciaire venant s’ajouter au scandale sanitaire.

Les nouvelles démarches risquent de prendre encore beaucoup de temps, tant il est évident que – Cour de justice européenne ou pas – ce sont en définitive les capitalistes et les banquiers qui ont le pouvoir. L’État est leur État.

Ils ont distribué et fait semer en toute connaissance de cause ce chlordécone dans les bananeraies avec une série d’autres dangereux pesticides. Ils ont contaminé plus de 90 % de la population de Guadeloupe et de Martinique provoquant ainsi de très nombreuses maladies et de multiples autres dommages. Mais c’est encore peu comparé à ce qu’ont vécu et vivent des milliers d’ouvriers agricoles. Les cancers de la prostate, du sein, du sang font des ravages dans leurs rangs. Sans compter ceux qui sont morts sur les plantations en plein travail.

Les empoisonneurs, dont les noms sont connus de longue date, savaient que le chlordécone, était interdit en France à cause de sa dangerosité en 1990, mais ils ont continué à l’utiliser dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe avec dérogation ministérielle jusqu’en 1993.

Avec un tel non-lieu, ces empoisonneurs, leurs amis et complices peuvent considérer qu’ils sont libres de continuer à s’enrichir en polluant les sols, le sous-sol, les cultures enfouies, les rivières, le littoral, les poissons de la Martinique et de la Guadeloupe, libres de faire payer plus chèrement encore aux ouvriers agricoles le prix de leurs méfaits criminels.

Alors oui, il faudra se battre pour obtenir la condamnation des auteurs de cette pollution criminelle. Il faudra se battre pour obtenir la reconnaissance des cancers et autres maladies comme maladies professionnelles. D’abord pour les plus touchés : les ouvriers agricoles. Puis la reconnaissance du crime pour leurs familles malades qui vivent dans les zones bananières, puis pour la population touchée.

Mais ce nouveau scandale est inhérent à un type de société bien précise : une société dans laquelle domine l’exploitation de l’homme par l’homme, l’exploitation d’une minorité de riches sur la grande majorité de la population. Aujourd’hui, c’est la société capitaliste qui domine. Sa raison d’être c’est l’exploitation des travailleurs, c’est l’esclavage moderne, l’esclavage salarié. Hier, c’était l’esclavage tout court. Tant que durera cette société, elle nous mènera à toujours plus de catastrophes. C’est pour cette raison qu’il faut la détruire et la remplacer par une société sans classe où les richesses ne seront pas accaparées par une minorité mais par la majorité des travailleurs et de la population. Seule une révolution des travailleurs et des masses exploitées le permettra. Et pour la préparer il faut construire un parti ouvrier révolutionnaire, seul outil politique qui permettra aux exploités de s’émanciper et par là même toute l’humanité. Car il faudra que cette révolution explose en Martinique, en Guadeloupe et dans le monde entier pour être réellement libératrice. Ce parti à construire c’est la tâche que se donnent les militants de Combat ouvrier.