CO N°1304 (8 avril 2023) – Martinique – Un drapeau pour qui ?

Le vendredi 31 mars 2023, Serge Letchimy, président de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), a officiellement levé le drapeau de la Martinique, devant le siège de la collectivité à Cluny.

Étaient présents à cette cérémonie des élus de tous bords politiques et d’autres personnalités. Rappelons que ce drapeau avait été adopté le 2 février 2023, par l’assemblée de Martinique, par 46 votants dont une abstention.

Après avoir hissé le drapeau, et écouté chanter l’hymne de la collectivité, Serge Letchimy a fait un discours sur un ton solennel devant une assemblée réunie. Avant de clamer : « Je suis Martiniquais, je suis Caribéen », il expliqua que ce drapeau représente l’histoire et la Martinique, que désormais, il flotterait à côté de celui de la France, à vrai dire celui de la bourgeoisie française. Mais aussi, qu’il serait représenté à côté des drapeaux des pays de la Caraïbe notamment lors des manifestions sportives et culturelles et bla bla bla.

Depuis quelques années récentes on note une nouvelle recherche symbolique d’affirmation de soi dans les milieux de la petite bourgeoisie de Martinique et de Guadeloupe. Certains mulâtres aisés sont même allés jusqu’à clamer leur « afrodescendance », quelle audace ! Les temps sont loin où ils faisaient tout pour être blancs et en tirer plus de profits juteux dans les affaires. Aujourd’hui il est de bon ton de s’affirmer noir, ou presque. C’est à la mode… pourvu qu’on ne perde rien de l’aisance financière et possédante. Si bien que la petite bourgeoisie locale et les dirigeants politiques de la collectivité, à défaut d’augmenter les salaires, de réduire la pauvreté des travailleurs et des jeunes, leur donne du « Martiniquais », de la « fierté martiniquaise » en veux-tu en voilà. Ils devraient être fiers d’avoir un drapeau et un hymne et se taire.

Ce drapeau Rouge Vert Noir c’est celui d’une classe, celle des possédants et dirigeants politiques locaux à leur service. Il ne remet donc pas en cause le système capitaliste, ni son pouvoir politique et économique. Il ne signifie pas non plus l’abolition de la propriété privée des moyens de production et l’expropriation des capitalistes.

Pour leur émancipation, et celle de tous les exploités, les travailleurs, auront à mettre en avant leur propre drapeau, le drapeau rouge, avec son hymne : l’Internationale.