CO N°1305 (22 avril 2023) – Guadeloupe – Canne : petits planteurs en colère

Alors qu’officiellement tout était réglé pour l’ouverture de la récolte de la canne, la colère de petits planteurs de Guadeloupe a explosé.

Lors de la négociation organisée par le préfet pour cette récolte, le fait que ces petits planteurs étaient souvent non informés avait été signalé. Le 6 avril, jour prévu pour la coupe, plusieurs dizaines de planteurs membres d’un Collectif ont bloqué l’usine Gardel au Moule et la plateforme de transfert de Béron à Sainte-Rose. Les usiniers sont ceux qui achètent leurs cannes et les paient souvent avec des mois de retard. Ils peuvent même se passer des planteurs dans la mesure où l’usine a ses propres champs de canne. Mais eux ont planté, nettoyé, arrosé, mis de l’engrais, d’autres produits, pendant des mois et dépensé pour cela. Or, pour un hectare de terre, 700 € d’engrais ne suffisent plus. Il faut 1 300 €. Et suite à de nouvelles méthodes d’élevage, avec des bovins de France, la plupart n’ont même plus de bêtes à qui donner ces cannes. Il se dit aussi que l’usine envisage de travailler avec de la canne venue d’autres contrées, plus avantageuses : Afrique, voire Asie. Pendant le blocage les planteurs ont négocié avec l’usinier puis le préfet.

À chaque fois les manifestants étaient “aimablement” invités à débloquer l’usine pour avoir le droit de se faire entendre, chaque fois ils ont refusé. C’est comme dans une grève, si vous reprenez le travail, n’espérez pas avoir satisfaction. Après une semaine de lutte, ces planteurs ont commencé la coupe. Mais ils n’ont pas obtenu les 153 € qu’ils revendiquent de l’usine pour une tonne de canne avec des arguments. Le collectif de planteurs, qui regrouperait 375 planteurs et le syndicat des Jeunes Agriculteurs, devrait rediscuter avec le préfet sur la base des accords signés le 1 er avril. Leur revendication concerne les années 2023 à 2028 déjà négociées pour les autres planteurs.