Le 7 juin, les élus départementaux, régionaux, municipaux, les parlementaires de Guadeloupe ont tenu un congrès. Entre autres, il a été question de la recherche d’un drapeau guadeloupéen. C’est dans l’air du temps. Le maire de Port Louis entouré d’autres élus avait brandi solennellement un drapeau guadeloupéen au-dessus de sa mairie quelques jours avant. Il s’agit du drapeau que les indépendantistes arborent depuis longtemps.
En Martinique, depuis février 2023, le drapeau rouge-vert-noir des indépendantistes a été adopté par la collectivité territoriale et levé en grande pompe par son président Serge Letchimy.
L’intérêt d’un certain nombre d’élus pour un drapeau reflète chez eux la présence d’une idéologie nationaliste, tout modérés qu’ils soient et même, pour beaucoup, anti-indépendantistes pour le moment.
L’idée d’un peuple uni derrière un drapeau est une tromperie pour les travailleurs. Car il existe plusieurs classes sociales dans ce système capitaliste. D’un côté il y a la classe des exploiteurs, les riches patrons capitalistes. De l’autre, celle des exploités, des travailleurs et de la population pauvre. Alors quand on s’adresse à « pèp Gwadloup » ou « pèp Matinik » à qui s’adresse-t-on au juste ? Aux travailleurs, aux pauvres ? Ou à la classe riche bourgeoise ?
L’unité des deux classes sociales opposées derrière un drapeau est une aberration tout comme le sont les idées nationalistes pour les travailleurs. Les exploités du monde entier n’ont pas de patrie. Ils appartiennent à une même classe sociale, celle des travailleurs, qu’ils viennent de Guadeloupe, de Martinique, d’Haïti, de Sainte-Lucie ou de France, des USA et ailleurs.
Cette dimension internationale se retrouve dans un drapeau commun à la classe ouvrière de tous les pays. Ce drapeau, c’est le drapeau rouge ! Le seul drapeau des travailleurs, couleur du sang des révoltés. Les travailleurs du monde entier l’ont brandi notamment lors de temps glorieux de l’histoire du mouvement ouvrier. Il a été brandi en 1871 par les travailleurs de la Commune de Paris qui ont établi le premier pouvoir ouvrier. Le drapeau rouge a aussi été levé en 1917 lorsque les travailleurs de Russie ont renversé le pouvoir en place et mis en place l’État des soviets ouvriers, le tout premier état ouvrier. Le drapeau rouge c’est aussi celui qui a été brandi par les esclaves en lutte et les « nèg mawon ».
En ce moment, il y a bien des causes qui méritent que les exploités d’aujourd’hui se rassemblent, se mettent en colère, comme l’inflation, la montée de la pauvreté, l’empoisonnement de la population au chlordécone, le scandale de l’eau dans toute la Guadeloupe, et en Martinique dans deux communes du Nord de l’île, toutes les séquelles du colonialisme, les discriminations, le racisme. Il faudrait des augmentations de salaires, d’au moins 500 €, l’indexation des salaires sur les prix, la répartition du travail entre tous.
Le camp des travailleurs en lutte existe, c’est celui des travailleurs de la Santé suspendus qui manifestent sans arrêt depuis deux ans pour leur réintégration et tous leurs droits, ceux de Constructel, de La Poste, de l’EDF, de Case Paul. Ce sont aussi les milliers de travailleurs qui ont manifesté le premier mai. Ils représentent l’avenir, à condition que ces luttes débouchent sur une force politique indépendante des travailleurs. C’est ce que signifie aussi le drapeau rouge, et à terme, le renversement de ce système capitaliste et colonial qui ne nous mène qu’à des guerres et catastrophes.