Prévu pour se dérouler les 8 et 9 octobre derniers, le Congrès des élus de la Martinique a bouclé sa mission en une seule journée avec la participation d’environ 65 élus sur les 80 que compte cette assemblée. Dès le jeudi 8 octobre au soir la résolution sur la domiciliation d’un pouvoir normatif autonome en Martinique a été votée à l’unanimité.
Selon les élus, ce « pouvoir » devrait permettre d’adapter et de créer des règles différentes du droit commun français dans certains domaines tels l’emploi, le foncier, l’énergie, la santé, ou encore la culture.
Cette perspective, somme toute bien limitée, semble aller dans le sens d’une évolution administrative normale pour le bon fonctionnement de la société capitaliste et en vue de permettre une gestion plus efficace des problèmes quotidiens de la population. Mais le consensus affiché pour le vote de la résolution par l’ensemble des élus, socialistes, PPM, indépendantistes, en dehors de ceux de la droite, semble avoir rempli de joie les élus du Congrès. Pour la plupart ils n’ont pas caché leur émotion. Serge Letchimy, président du Conseil Exécutif, s’exclamait: « Mission accomplie ! Mon combat politique se termine de manière très satisfaisante car c’est un combat de 40 ans… Nous avons pris nos responsabilités et allons ouvrir de nouvelles perspectives ». La députée PS, Béatrice Bellay pour sa part commentait le vote de la résolution en ces termes : « C’est vrai que le champ des possibles est désormais ouvert dans la négociation ». Quant à Daniel Marie- Sainte, chef de file du Gran Sanblé Pou Matinik, il se déclarait satisfait du fait que la mention « nous sommes encore colonisés » a été stipulée dans la résolution…
À l’issue de ce Congrès, les élus ont prévu qu’un groupe de travail prépare une feuille de route avec le détail de leurs demandes. Ce document devant être remis au gouvernement français avant le 31 décembre 2025. Entre temps, disent-ils tous, il faudra convaincre les Martiniquais eux-mêmes « car c’est le peuple qui tranchera ».
Pour l’instant, la population se montre plutôt réservée et observe de loin. Comme le disent eux-mêmes certains élus : elle n’a pas confiance !
La réalité est que ce simple réaménagement administratif n’est pas prévu pour remettre en question les causes profondes des difficultés de la majorité de la population. Le chômage massif, les bas salaires, la vie chère et autres injustices d’une société dominée par une minorité d’exploiteurs, tout cela demeure.
Pour qu’il en soit différemment il faudra que, avec ou sans Congrès, les travailleurs dans leurs entreprises, la population pauvre, dans les quartiers, imposent eux-mêmes leurs propres revendications par des mobilisations collectives et massives.