Le lundi 11 janvier, à l’appel du syndicat indépendant des marins pêcheurs et du Comité régional des pêches, plus d’une centaine de marins pêcheurs se sont mobilisés. Ils se sont rassemblés devant le Fort St Louis (Marine nationale) à Fort-de-France, puis devant la préfecture. Ils voulaient se faire entendre sur les revendications suivantes : « l’exonération des charges sociales dans le plan chlodécone IV, l’organisation du mouillage dans la baie du Marin au sud du pays, et la filière nautique dans le cadre du plan de relance État-CTM ».
Le chlordécone, cet insecticide mortel utilisé massivement par les capitalistes de la banane il y a 30 ans, s’est infiltré dans la terre et a pollué des rivières, la baie de Fort-de-France et le fond des baies de la côte atlantique. Il a contaminé ainsi les poissons, langoustes et autres crustacés devenus impropres à la consommation. Résultat, les pêcheurs ont été obligés d’aller pêcher bien au-delà des 25 milles (40 kilomètres environ) pour trouver du poisson.
« Il nous est quasiment impossible d’exercer pleinement notre métier », protestent les manifestants. Et de dire : « constamment, l’État exerce des pressions sur nous, en nous disant : Vous avez un permis de navigation qui ne vous permet pas d’aller au-delà des 5 milles nautiques, soit 10 kilomètres environ… (Mais) on est obligé d’aller au-delà des 5 milles, 15, 20 ou 30 milles pour poser les DCP (Dispositifs de Concentration de Poissons) ». Et un autre marin pêcheur de répondre à un journaliste : « Il y a un mois, dix militaires sont montés à bord et ils m’ont mis en joue… et m’ont donné une amende de 4500 euros ». Voilà les raisons de leur colère.
Pendant ce temps, les pollueurs criminels continuent de mener la belle vie, sans être inquiétés ni par l’État, ni par les militaires, ni par les autorités politiques.
Et, comme par hasard, les pêcheurs ont appris par la préfecture, qu’un courrier de Sébastien Lecornu, ministre des Outremers, en date du 8 janvier, leur donne, l’autorisation d’aller pêcher à 20 milles. « Un courrier qui tombe du ciel » ont rétorqué les manifestants. Pour ce qui concerne l’exonération des charges dans le cadre du plan Chlordécone IV, une rencontre est prévue avec les services de l’État.