Depuis le début de l’année, diverses organisations politiques, syndicales et associations ont organisé des mobilisations contre la spoliation des terres en Martinique par un « réseau de corruption ». Au cours de la conférence de presse du mercredi 27 mars dernier, des gens de la population se sont rassemblés à la Maison des syndicats pour dire que des terres appartenant à leurs parents sont occupées, sans même qu’ils aient eu de demandes de ventes.
Cette situation a pris depuis bien longtemps une tournure politique. C’est ainsi qu’on a vu par exemple Francis Carole, conseiller territorial et président du Palima (Parti pour l’indépendance de la Martinique) ou Serge Letchimy, président exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique, intervenir à ce sujet sur les ondes des radios et télévisions.
Au cours de l’émission radio « Sa zot ka di » du jeudi 11 avril, Francis Carole, a dénoncé l’existence « d’un réseau de corruption »… et de personnes « qui s’approprient frauduleusement des terrains ». Et d’ajouter que : « ce ne sont pas des affaires marginales ou exceptionnelles », et que « l’Assaupamar (Association de Sauvegarde du Patrimoine Martiniquais) recense plus de 200 cas connus ». Ces situations viendraient illustrer « une mise en place de réseaux de corruption pour abuser et tromper des personnes n’ayant pas connaissance de toutes les subtilités juridiques en matière foncière et immobilière ».
Serge Letchimy, quant à lui, a été obligé de s’adresser plutôt à l’État, donc au préfet Jean-Christophe Bouvier, par courrier du 2 avril pour lui demander : « une mobilisation sans précédent pour faire face aux désordres fonciers que connaît la Martinique, désordres qui sont à l’origine de contentieux, voire de drames ». Il a proposé au gouvernement la mise en place d’une conférence sur le foncier en Martinique pour : « trouver collectivement des solutions adaptées aux réalités locales et la création d’une Mission d’État visant à régler ces contentieux ». La ministre déléguée aux Outremer, Marie Guévenoux, a répondu favorablement à cette demande. Par contre, à aucun moment, Serge Letchimy n’a exigé la libération d’Hervé Pinto détenu en prison depuis le 10 mars dernier.
Cette situation de spoliation de terres ne date pas d’aujourd’hui, et ce n’est pas étonnant. Nous sommes dans un pays où demeure une situation de type colonial, où tous les droits sont donnés à des riches possédants de terres, de la corruption à l’empoisonnement au chlordécone ou autres pesticides, etc.
Pas étonnant que la justice se montre clémente et laxiste contre le non respect des droits judiciaires et fonciers, des droits des travailleurs.