CO N°1344 (15 février 2025) – Éditorial – Capitalistes gavés et pleurnichards : il faudra les renverser !

Le Groupe Bernard Hayot (GBH) qui fait l’objet d’une assignation devant le tribunal mixte du commerce de Fort-de-France, a été contraint de publier ses comptes consolidés. GBH est l’un des maîtres de la grande distribution en Martinique, en Guadeloupe et dans l’ensemble des Outre-mer. Il a réalisé en 2023 un bénéfice net de 227,4 millions d’euros.

Ses bénéfices sont en hausse de 11 % par rapport à l’année précédente.

C’est la mobilisation contre la vie chère menée par le RPPRAC et Rodrigue Petitot en Martinique qui a contraint le grand groupe capitaliste de la riche famille Hayot à rendre des comptes.

Depuis 2018, ce groupe refusait de dévoiler ses comptes publiquement. En octobre, pendant la mobilisation, le directeur Stéphane Hayot se défendait en disant « en Outre-mer très peu d’entreprises déposent leurs comptes ». En décembre le journal Libération a dénoncé le fonctionnement opaque et des marges énormes réalisées par GBH. Propriétaire de multiples concessions automobiles, GBH réalise apparemment trois à quatre fois plus de marge nette que dans l’Hexagone à chaque vente.

Manuel Valls, actuel ministre des Outre-mer, s’est s’exprimé en fervent défenseur de la cause, déclarant que ce grand groupe « joue souvent un rôle d’étouffement sur l’économie et le pouvoir d’achat » et « L’opacité et l’accumulation des marges à chaque étape de la chaîne d’approvisionnement est au cœur du problème et de la cherté de la vie. »

Le gouvernement peut dire ce qu’il veut. Il soutient ce groupe capitaliste. En juin 2020 l’État français a fait bénéficier le groupe GBH d’un prêt garanti de 115 millions d’euros. Pendant la contestation contre la vie chère il est l’interlocuteur privilégié, contrairement aux représentants du mouvement traités en délinquants. En refusant de publier ses comptes Hayot ne risquait d’ailleurs… que 3000 € d’amende !

La bourgeoisie fonctionne ainsi. Elle s’enrichit sur le dos de la population et l’État est à son service pour garantir cet enrichissement. Cela n’empêche pas ces bourgeois de pleurnicher à la moindre apostrophe. Bernard Arnault, la cinquième fortune mondiale, en réaction à la proposition du gouvernement Bayrou d’augmenter l’impôt des entreprises fortunées, a parlé de « douche froide », avant d’émettre des menaces de « délocalisation ». Bayrou s’en est excusé, et Bernard Arnault continue, lui, de gagner actuellement 30 000 € par seconde.

Le monde est dirigé par les milliardaires capitalistes. Aux États-Unis les milliardaires à la présidence, Trump, Musk et consorts, appliquent leurs décrets débridés, prennent le contrôle du Trésor public, poussent à la démission des dizaines de milliers de fonctionnaires… L’objectif est de réduire drastiquement le budget de fonctionnement de l’État fédéral et de faire revenir cet argent aux entreprises américaines.

Cette grande bourgeoisie, et même celle dont l’importance est de moindre échelle comme les Hayot, ne veut subir aucun ralentissement de ses profits. Ils ont tous poursuivi leur enrichissement grâce aux bas salaires, à l’inflation, aux surcharges de travail et aux perfusions d’argent public.

Les États leur mettent à disposition les capitaux, l’appareil de justice et les autres moyens de répression. Pour eux, c’est aux populations déjà exploitées de payer pour résorber les dettes publiques.

Le seul moyen de contrer cette aberration, c’est de faire en sorte que le contrôle de la société nous revienne en tant que travailleurs, en tant qu’exploités. L’État bourgeois actuel doit disparaître pour être remplacé par un État dirigé par les travailleurs. C’est-à-dire supprimer le pouvoir bourgeois. Cela passe nécessairement par l’expropriation de ces capitalistes. Pour cela, la formation d’un parti révolutionnaire propre aux exploités est indispensable. Celui qui, implanté partout, sera capable de mener les travailleurs au pouvoir.