CO N°1358 (25 octobre 2025) – Il y a 108 ans – La révolution russe

Le 25 octobre 1917, il y a 108 ans, la classe ouvrière prenait le pouvoir en Russie.

La révolution de février

Au début de 1917, la Russie s’effondrait sous le poids de la guerre mondiale. La faim sévissait dans les villes, les campagnes étaient ruinées, les soldats mouraient par centaines de milliers sur le front. L’humanité, et surtout en Europe, était plongée depuis trois ans dans la même barbarie. Déjà, on voyait poindre à l’horizon une ère de révolutions, qui commença par des mutineries et des grèves dispersées partout en Europe.
Mais ce sont les femmes des quartiers ouvriers de Pétrograd, réclamant du pain, qui mirent le feu à la poudrière mondiale. En quelques jours, la grève générale paralysa la capitale. Les soldats, de conditions tout aussi modestes, refusèrent de tirer sur la foule et rejoignirent les manifestants. L’armée, pilier du régime, s’effondrait et le tsar (le roi/empereur de Russie) abdiqua. Mais sa chute ne signifiait pas encore la fin de l’exploitation, et encore moins la fin de la guerre. Un gouvernement provisoire, dominé par des libéraux bourgeois tenta de maintenir la guerre et de préserver les intérêts des propriétaires fonciers et industriels. En face, les soviets — ces conseils élus d’ouvriers, de paysans et de soldats — se formèrent spontanément. Ils étaient apparus pour la première fois lors de la révolution de 1905 et représentaient un pouvoir politique des travailleurs. Chaque délégué pouvait être révoqué à tout.moment.

Au sein de ces conseils, le parti bolchevik, minoritaire en février, entreprit un patient travail parmi les masses ouvrières. Il défendait les mots d’ordre formulés par Lénine : la paix immédiate, la terre aux paysans, et tout le pouvoir aux soviets. Cela impliquait de ne pas soutenir le gouvernement provisoire, qui était une forme du pouvoir bourgeois. Lénine adoptait alors la stratégie de la révolution permanente, formulée par Trotsky. Dans un pays où la bourgeoisie est faible, les tâches de la révolution bourgeoise sont à réaliser par la classe ouvrière. La révolution ne pouvait pas s’arrêter à la chute du tsar ; il fallait la continuer et préparer la prise du pouvoir par les travailleurs eux-mêmes.

De février à octobre : la montée révolutionnaire

L’été 1917 fut une période de chaos et de double pouvoir. Tandis que le gouvernement provisoire multipliait les promesses sans lendemain, les soviets gagnaient en influence. Dans les usines, les ouvriers imposaient leur contrôle sur la production ; dans les campagnes, les paysans commençaient à s’emparer des terres. Les bolcheviks, quand ils furent majoritaires dans les soviets de Pétrograd et de Moscou, apparaissaient comme la seule force décidée à rompre avec la guerre et à répondre aux aspirations populaires.
Face à eux, la bourgeoisie et les monarchistes préparèrent la contre-révolution. En août, le général Kornilov tenta un coup de force pour écraser les ouvriers et imposer une dictature militaire. Mais les travailleurs et les soldats, organisés dans les comités révolutionnaires, les soviets, firent échouer le putsch par une grève générale. Cet épisode révéla la capacité des masses à se défendre, en même temps qu’il révélait la faiblesse du gouvernement provisoire. Cela renforça les soviets et leur direction.bolchevique.
À l’automne, la situation devint intenable : le front se désintégrait, les villes mouraient de faim. Le soviet de Pétrograd créa alors un Comité militaire révolutionnaire, dirigé par Trotsky, pour préparer l’insurrection.

La révolution d’octobre et les premiers décrets

Dans la nuit du 25 octobre (7 novembre selon le calendrier grégorien), les soviets décidèrent démocratiquement de prendre le pouvoir. Sans effusion de sang, les principaux bâtiments furent occupés : la poste, les gares, la banque d’État. Le Palais d’Hiver, siège du gouvernement provisoire, fut pris d’assaut. Au petit matin, le pouvoir appartenait aux soviets. Le Congrès de tous les soviets de Russie confirma la chute du gouvernement et proclama la naissance d’un nouveau pouvoir ouvrier et paysan.
Dès les premières heures, les Bolcheviks firent adopter une série de décrets fondateurs : le décret sur la paix, appelant à la fin immédiate de la guerre sans annexions ni indemnités ; le décret sur la terre, transférant les domaines des grands propriétaires aux comités paysans ; puis vint le contrôle ouvrier des usines, l’égalité entre hommes et femmes, la reconnaissance des droits des peuples opprimés de l’Empire. Chaque mesure traduisait la volonté de rendre le pouvoir réel à ceux qui travaillaient, combattaient et souffraient.

La prise du pouvoir et l’internationalisme

Lénine, Trotsky et la Russie des soviets comptaient sur l’extension de la révolution. « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! », c’est ainsi que se termine le Manifeste du Parti communiste de Marx, publié en 1848. Car le capitalisme est un système dont les prolétaires et les paysans du monde entier subissent le joug. C’est dans cet esprit qu’ils appelèrent à la création d’une nouvelle Internationale, l’Internationale communiste, rassemblant les partis et les organisations décidés à mener la lutte révolutionnaire jusqu’au bout, jusqu’à l’éradication du capitalisme mondial, et par là même de la propriété privée et de l’État.

La contre-révolution fut féroce : les impérialismes du monde entier reprirent la main en quelques années.

Aujourd’hui encore, nous nous revendiquons de la révolution russe, car elle a été la démonstration que les travailleurs pouvaient prendre le pouvoir. Il s’agit de notre combat, ce combat n’est pas du passé, il est l’avenir, il n’a pas de frontière, il est international et il ne cessera pas jusqu’à la victoire !