L’île de Mayotte a été ravagée il y a un mois par le cyclone Chido. Plus récemment, elle a subi la tempête Dikeledi, qui s’est abattue sur des habitants encore sans abri, souvent hébergés dans les écoles.
Macron, Bayrou et une série de ministres : Retailleau, Borne, Valls, ont fait un petit tour sur place, sans trop s’attarder. À les croire, les problèmes seront assez rapidement réglés. Pour Valls, nouveau ministre des Outre-mer, 70 % des salles de classe seraient disponibles dès la rentrée. Elle a été prévue pour le 13 janvier. Au vu des difficultés insurmontables, elle ne sera d’abord qu’administrative. Les élèves sont sommés de regagner leurs établissements le 20 janvier.
Pourtant 15 000 personnes étaient encore hébergées dans les établissements. L’ordre a été donné de les évacuer entre le 5 et le 13. Où iront-ils ? Dans les quartiers, c’est à la population qu’il est fait appel pour dégager les déchets. Dans les établissements scolaires, les directeurs appellent les enseignants à se réunir pour « organiser les choses ».
Le plan d’urgence « Mayotte debout » présenté par Bayrou le 31 décembre, est examiné à l’assemblée le 13 janvier. Un mois après le passage de Chido. En attendant une hypothétique action de l’État, les habitants doivent se débrouiller. Le gouvernement a interdit la vente de tôles sans justificatif d’identité et certificat de domicile. Quatre habitations sur dix sont faites de tôles. Les quartiers de bidonvilles ont été majoritairement rasés et l’État interdit leur reconstruction. Son objectif est clair : se débarrasser des immigrés et des plus pauvres, déjà visés dans le passé par Darmanin avec l’opération Wuambushu, « place nette ». Dans les décombres, il y a sans doute des cadavres d’animaux et peut être de personnes. Il n’y a pas suffisamment d’eau potable. Les risques sont élevés de maladies tel le choléra.
Les promesses de l’État sont si irréalistes qu’elles frisent le ridicule et témoignent de son manque de volonté. Mais la population s’organise et a déjà pris en main le nettoyage avec les moyens du bord. Les bidonvilles eux-mêmes sont en train d’être reconstruits.