CO N°1344 (15 février 2025) – Martinique – Pour les « radiés » du CHUM, le combat continue

Dans son jugement du 6 février 2025, le tribunal administratif de la Martinique a rejeté le recours déposé par les six agents du CHUM radiés par la direction pour abandon de poste.

L’affaire remonte à la loi d’août 2021 sur l’obligation pour les soignants de se faire vacciner contre le Covid-19. L’interdiction pour les soignants d’avoir accès à leur poste, à l’hôpital, à la clinique ou à la pharmacie, sans le fameux « pass-vaccinal », avait provoqué parmi eux une contestation importante. Plusieurs centaines d’agents refusant de prendre le vaccin ont été suspendus de leurs emplois, sans salaires ni indemnités d’aucune sorte. La colère est montée d’un cran face à ce qui apparaissait bien à une partie de la population comme une injustice.

En Guadeloupe comme en Martinique, durant plusieurs mois, à l’initiative des syndicats réunis en intersyndicale ou de collectifs, des rassemblements étaient organisés devant les hôpitaux ou cliniques pour contrecarrer les contrôles de pass, et « accompagner les suspendus » pour qu’ils retrouvent leur emploi. Face à ce qu’elles considéraient comme profondément injuste, des centaines de personnes se joignaient aux soignants pour manifester leur colère lors de manifestations. Des barrages animés par des militants et aussi des jeunes venant des quartiers populaires, étaient érigés à certains endroits pour renforcer ces mobilisations. Sur les deux îles, de nombreux syndicats avaient appelé à une grève générale à partir du 15 novembre 2021 réclamant la fin de l’obligation vaccinale et des suspensions pour les soignants, mais aussi la hausse des salaires et des minima sociaux.

Au fil des mois, et grâce aux mobilisations, la plupart des « suspendus » purent retrouver leurs postes, usant de dérogations ou autres incompatibilités face à l’injection du vaccin contre le Covid.

C’est dans ce contexte que six agents contestant eux aussi l’administration du vaccin avaient été amenés à choisir de se mettre en droit de retrait de leur emploi. La direction du CHUM a contesté ce droit de retrait et leur a adressé des mises en demeure de rejoindre leurs postes. Plus de deux ans plus tard, leur radiation est tombée comme un couperet.

Aujourd’hui le tribunal administratif conclut que les décisions de radiation des cadres prises à l’encontre des agents pour abandon de poste sont légales.

Loin de la période des mobilisations populaires importantes de 2021-2022, le droit s’exerce plus facilement en faveur de l’ordre établi et du fonctionnement d’une société de classes.

Pour autant, les agents radiés ne comptent pas en rester là. Avec leur syndicat UGTM ils ont décidé de faire appel du jugement.