CO N°1272 (23 octobre 2021) – Éditorial – Vive la lutte des soignants ! Tous concernés ! Vers la lutte collective !

En Martinique, le 15 octobre, les agents hospitaliers du CHU Martinique ont riposté vigoureusement à la violence des forces de l’ordre postées aux entrées du CHU.

Vaccinés et non vaccinés ont tenté de rentrer sans passe. Pour se défendre, ils ont su affronter physiquement les gendarmes. Ces derniers ont eu à faire face à des barrages et ont reçu des projectiles venus de la cour et des étages. Et c’est exactement ce qu’il fallait faire face aux gaz lacrymogènes et à la violence policière, face à l’interpellation brutale de trois militants syndicaux du CHUM emmenés menottés, puis libérés par la suite. Lundi 18, des centaines de soignants ont tenu meeting dans les espaces du CHUM. La mobilisation continue. Les agents reçoivent le soutien de la population comme celui des taxis qui ont défilé devant le CHU pendant la nuit du 19 octobre.

Les incendiaires sociaux sont Macron et son gouvernement qui veulent faire appliquer de force, avec suspension et licenciement de travailleurs, la loi du 5 août 2021 sur l’obligation vaccinale.

En Guadeloupe, la grève s’est étendue dans une dizaine d’établissements de santé lundi 18 octobre. Les meetings du jeudi et les manifestations du samedi continuent. Le 16 octobre on comptait 800 personnes dans les rues de Baie-Mahault. Mercredi 20 un syndicaliste aurait été blessé par la police au CHBT (Centre hospitalier de Basse-Terre).

Seuls les naïfs peuvent croire que les mesures du gouvernement sont prises exclusivement pour la santé de la population ! Dès le début de l’épidémie, combien de travailleurs n’ont pas eu droit au confinement et ont été envoyés sur leur lieu de travail pour servir le capital. Les clusters en entreprise ne se comptent plus.

Cette loi a surtout pour objectif de forcer les travailleurs à marcher au pas, à baisser la tête pour faire marcher les profits des capitalistes et accepter les lois et mesures anti-ouvrières comme la baisse des allocations chômage ou la retraite à 64 ou 67 ans.

Au mois d’août 2021, il y a eu 981 décès en Guadeloupe et 851 en Martinique. Une énorme surmortalité due au Covid. Ce n’est pas seulement la faible vaccination qui en est la cause. Les soignants ont été hyper dévoués. Mais les centres hospitaliers ont manqué cruellement de moyens humains et matériels. L’administration hospitalière et l’État français ont une lourde part de responsabilité par manque de prévision et d’anticipation. Alors qu’il manque de l’argent public dans la santé, des milliards d’euros sont déversés dans les poches des capitalistes. Ils reçoivent toute une panoplie d’aides comme les prêts garantis par l’État, le report des prélèvements obligatoires, le chômage partiel, le fond de solidarité. Ces quatre dispositifs ont coûté 206 milliards d’euros à l’État entre mars 2020 et mars 2021.

Sous prétexte de mener la guerre contre le coronavirus c’est aux travailleurs que gouvernement et patronat mènent la guerre. L’année dernière, ils ont été envoyés au front sans masque, sans protection, au mépris de leur santé et de leur vie. Les soignants étaient alors des héros. Aujourd’hui, ils sont traités comme des parias, après des années de bons et loyaux services. Aujourd’hui on leur envoie la matraque et les fourgons de gendarmerie. Aujourd’hui on veut qu’ils reprennent le travail la matraque dans le dos !  Ceux du CHUM ont dit non ! C’est trop ! En refusant ensemble, vaccinés et non vaccinés, de rentrer travailler sous le contrôle des forces de l’ordre, ils se sont fait respecter. Le mépris que l’État affiche contre les soignants c’est le mépris des dirigeants et des classes dominantes contre tous les travailleurs et les pauvres. Des luttes collectives et offensives peuvent le leur faire ravaler.