Entre le 15 et le 28 octobre 1962, la crainte d’une guerre nucléaire entre le bloc impérialiste et bloc soviétique a fait trembler le monde entier. Le 15 octobre 1962, au plus fort de la guerre froide, des photos prises par un avion espion américain révèlent la présence à Cuba de rampes soviétiques de lancement de missiles. Ces missiles nucléaires pointent vers les côtes américaines, à moins de 200 km. À cette distance, une fois lancés, ces missiles n’auraient pu être détectés suffisamment à l’avance pour garantir leur interception.
Cuba dans la guerre froide
À cette époque, le monde était en pleine période dite de « guerre froide » entre d’une part l’URSS et ses alliés d’Europe de l’Est, et d’autre part les USA alliés aux États de l’Ouest capitaliste du nord de la planète. Il s’agissait d’une lutte d’influence sur l’ensemble de la planète avec des risques constants de nouvelle guerre mondiale. Durant la guerre froide, le bloc impérialiste et le bloc soviétique accumulaient des armes conventionnelles et nucléaires. Chacun rivalisait de propos agressifs et montrait ses muscles.
Après la prise du pouvoir par Fidel Castro lors de la révolution populaire cubaine, l’impérialisme américain n’accepte pas qu’à Cuba, à moins de 200 km de leurs côtes, un État échappe à son contrôle. En plus des nombreuses tentatives militaires pour renverser le pouvoir, les impérialistes ont organisé l’étranglement économique de Cuba : réduction du quota de sucre cubain importé, puis en 1960, établissement d’un embargo qui interdit à toute entreprise américaine de faire du commerce avec Cuba. Face à l’embargo des impérialistes et à la pénurie de pétrole, le régime castriste s’est tourné vers le bloc soviétique avec lequel un accord économique fut conclu. Cuba comptait sur l’aide de l’URSS.
Quelques mois auparavant les « marines » avaient fait d’importantes manœuvres militaires dans les Caraïbes et les dirigeants cubains redoutaient une invasion. Ils acceptèrent donc les fusées de moyenne portée que leur proposaient les Soviétiques afin de protéger leur pays. Depuis novembre 1961, les Américains possédaient bien, eux, sur les bases de l’OTAN de Turquie, tout près de la frontière soviétique, des installations de missiles nucléaires braqués sur l’URSS.
La crise
Le 14 octobre 1962, un avion espion américain photographia les sites d’installation des missiles à Cuba. On identifia également 26 navires soviétiques transportant des ogives nucléaires (opérationnelles en dix jours) en route vers l’île.
Lorsque les dirigeants américains apprirent la présence d’une base nucléaire à Cuba, Kennedy menaça de faire intercepter et contrôler par sa marine de guerre les navires russes allant à Cuba si les Soviétiques ne démantelaient pas leur base. Ce fut un chantage à la guerre nucléaire. Le 21 octobre, 100 bombes nucléaires supplémentaires étaient livrées au porte-avions américain stationné dans la zone, qui en possédait déjà 100. Le 24 octobre, la flotte militaire américaine instaurait un blocus naval autour de Cuba. Trente cargos soviétiques étaient en route. Parmi eux, quatre avaient des missiles nucléaires dans leurs soutes. Deux de ceux-ci arrivèrent sur la ligne de blocus : le Khemov et le Gagarine. Les cargos rebroussèrent chemin, Khrouchtchev jugeant inutile de rompre le blocus puisque les missiles déjà en place à Cuba suffisaient. Le 26 octobre, Khrouchtchev fit savoir à Kennedy qu’il continuerait son action : « Si les États-Unis veulent la guerre, alors nous nous retrouverons en enfer ». Le 28 octobre, les États-Unis annonçaient une attaque aérienne sur les sites de missiles si les Soviétiques ne démantelaient pas leurs installations avant le 29 octobre.
Finalement, le 28 octobre, Khrouchtchev céda et ordonna, sans même prévenir Castro, de démonter la base et de renvoyer les missiles. Castro se plaignit amèrement de cette attitude et en particulier de ne pas avoir été consulté. De leur côté, les États-Unis s’engageaient à ne pas attaquer Cuba et à démonter dans six mois leurs 15 fusées installées en Turquie, ainsi que d’autres en Italie, pointées vers le bloc de l’Est.
Kennedy aurait promis, mais sans que ce soit écrit nulle part, qu’en échange du retrait soviétique il garantissait de ne plus tenter d’envahir Cuba. Peut-être, mais Castro estimait qu’on aurait pu obtenir l’évacuation par les USA de leur base de Guantanamo. Parce que, si les États-Unis se plaignaient d’une base située non loin du territoire américain, eux en possédaient une directement sur le sol cubain, qui existe jusqu’à aujourd’hui !