Le 18 novembre 1985, Charles-Henri Salin, 21 ans, élève au lycée Baimbridge, rentrait chez lui après être allé au cinéma. Un gendarme l’a tué d’une rafale de pistolet-mitrailleur.
À l’époque, il y avait beaucoup de tension en Guadeloupe. Des groupes indépendantistes posaient des bombes, choisissant pour cibles des symboles du pouvoir.
Quelques mois auparavant, en juillet, c’était l’affaire Faisans, un militant emprisonné en France pour avoir frappé un enseignant raciste. Pendant une semaine la Guadeloupe avait été paralysée par des barrages, et la population en colère avait obtenu la libération de Georges Faisans.
Il y avait enfin les hold-up de Thimalon, soupçonné d’avoir tué un gendarme cinq jours avant. Patrick Thimalon était une sorte de « Robin des bois » qui narguait la police en multipliant les vols. Il distribuait une partie du butin à la population pauvre, notamment dans son quartier de Boissard, aux Abymes. C’est précisément à Boissard, où les gendarmes ont affirmé qu’ils recherchaient Thimalon, que Charles-Henri Salin a été abattu. En réalité ils l’ont tué froidement, par vengeance.
Le tireur, le gendarme Michel Maas, a été promu peu de temps après. Son procès a eu lieu à Paris cinq ans plus tard, en 1990. La justice l’a reconnu coupable, mais dispensé de peine.