Depuis le 10 juillet, une vague d’émeutes et de pillages durement réprimés par l’armée a fait 212 morts.
Les premières manifestations ont éclaté dans la province du Kwazulu-Natal (à l’Est) après l’incarcération de l’ex-président Jacob Zuma. L’actuel président, Cyril Ramaphosa, accuse Zuma de corruption. C’est un nouvel épisode dans la lutte que se livrent les clans Ramaphosa et Zuma au sein du parti de l’ANC (African National Congress).
L’agitation a ensuite changé de nature en gagnant la capitale économique Johannesburg et surtout les banlieues pauvres et très peuplées dont la ville est entourée. Sur fond de chômage, de misère et de manque de nourriture, les émeutes ont alors donné lieu à des pillages de commerces, y compris d’alimentation.
Ramaphosa a fait intervenir la police et l’armée avec un bilan de 212 morts au 16 juillet. Ce président est un ancien bureaucrate syndical. En 2012, il avait soutenu les dirigeants des mines contre les travailleurs en grève dans la région de Marikana. La police avait tué 34 mineurs grévistes.
L’Afrique du Sud est le pays le plus inégalitaire sur la planète. Une minorité bourgeoise, traditionnellement blanche et rejointe par quelques riches Noirs depuis l’accession au pouvoir de l’ANC en 1994, accapare toutes les richesses. Mais la pauvreté se concentre à l’autre pôle de la société. Ainsi 90 % des foyers noirs ne peuvent pas payer une assurance médicale. Le chômage s’est accru en 2020 et reste depuis à un taux officiel de 32 % : plus de 7,2 millions de travailleurs sont privés d’emploi.
L’ANC, le parti de Mandela, qui avant d’être au pouvoir représentait un espoir pour les Noirs pauvres, n’offre plus aucune perspective à ceux que la pauvreté pousse à la révolte. Au contraire, ce parti au service de la bourgeoisie et des puissances impérialistes mène une répression des plus féroces contre les travailleurs et les classes populaires.