CO N°1343 (1er février 2025) – Il y a 80 ans – Yalta : partage du monde contre la classe ouvrière

La conférence de Yalta, qui se déroula du 4 au 11 février 1945, fut la deuxième des trois grandes rencontres officielles entre les chefs d’État des trois « Grands vainqueurs » de la fin de la Guerre 39-45. C’est-à-dire les États-Unis, l’URSS et l’Angleterre.

C’était une rencontre entre Roosevelt, Churchill et Staline pour décider du partage du monde entre les grandes puissances. Ce partage en zones d’influence détermina le rôle et la politique de ces grandes puissances pendant près d’un demi-siècle. Les puissances impérialistes britannique et française gardaient la main sur leurs colonies d’Afrique et d’Asie. Les États-Unis, gardaient leur influence sur les Amériques et les Caraïbes et comptaient faire capituler le Japon avec l’aide de la Russie.

Au moment de Yalta, les armées soviétiques étaient avancées jusqu’en Europe centrale, en Pologne, et elles étaient déjà à quelques kilomètres de Berlin. Les zones d’influence des futurs vainqueurs de la guerre étaient ainsi déterminées. L’URSS allait maintenir son influence sur toute l’Europe de l’Est. L’Allemagne quant à elle serait dépouillée, partagée entre chacune des grandes puissances pendant plusieurs années. Elle devait être divisée en 1949 en deux États : l’Allemagne fédérale sous commandement impérialiste et la République démocratique allemande (la RDA) sous commandement de Moscou.

Les puissances occidentales auraient préféré que la bureaucratie de Staline ne soit pas en situation de contrôler cette immense partie de l’Europe, à l’est. Mais ils n’avaient pas le choix du fait de la puissance et des succès de l’Armée rouge. Staline allait se révéler être un gendarme efficace pour le maintien de l’ordre parmi les peuples et contre la classe ouvrière dans sa zone d’influence.

Après le partage du monde, les préoccupations étaient de prévenir toute révolution ouvrière. Les puissances impérialistes étaient terrifiées par le souvenir de la révolution ouvrière de 1917. Une vague révolutionnaire née des souffrances des peuples durant cette deuxième guerre mondiale, bien plus destructrice et bien plus meurtrière que celle de 14, les Anglais ou les Américains n’auraient sans doute pas été capables d’en venir à bout.

Staline sut respecter la situation, notamment durant la guerre civile qui eut lieu en Grèce, zone d’influence britannique. En Grèce, un mouvement de résistance contre les nazis s’est développé autour du Parti communiste stalinien. Le mouvement populaire prenait des proportions révolutionnaires. La Résistance, en chassant les Allemands, avait le pouvoir à portée de main. Mais le commandement britannique massacra les communistes grecs sans que Staline ne  lève le petit doigt.

Les Partis communistes de toute l’Europe et du monde avaient la sympathie des ouvriers, mais sous le contrôle de la bureaucratie stalinienne, ils jouèrent un rôle contre-révolutionnaire. Ainsi en France, Maurice Thorez, le représentant du PCF, sous la volonté de De Gaulle ordonna aux résistants qu’il contrôlait de rendre les armes. La sécurité publique devant être assurée « par les forces régulières de la police constituées à cet effet. ».

Dans le partage du monde, chaque puissance devait respecter la sphère d’influence de l’autre.

L’impérialisme américain, ses satellites occidentaux d’une part et la bureaucratie soviétique d’URSS d’autre part, avaient pour but de mettre au pas la classe ouvrière dans tous les pays. Il fallait faire accepter les sacrifices aux populations et aux travailleurs. Ces derniers devaient défendre leur bourgeoisie nationale ou la bureaucratie stalinienne.

C’était le début de ce que l’histoire a retenu comme « la guerre froide » entre l’impérialisme et la bureaucratie soviétique. C’est ce qui détermina directement toute la politique et la géopolitique mondiale durant environ un demi-siècle, jusqu’à la fin de l’URSS, fin 1991.