Le 14 février 1952, alors que les ouvriers de la canne sont en grève, les gendarmes tuent quatre personnes pour réprimer la contestation. Cet épisode est resté connu sous le nom de « massacre de la Saint-Valentin ».
Le mouvement démarre en novembre 1951 dans le nord Grande-Terre pour l’augmentation des salaires et l’allègement des journées de travail. En janvier 1952 des négociations pour fixer les salaires ne donnent pas satisfaction aux travailleurs. Les syndicats lancent un appel à la grève générale. Début février, les ouvriers de Capesterre-Belle-Eau, de Petit-Bourg, de Sainte-Rose, de Port-Louis, ceux de l’usines de Darboussier rejoignent la grève. Les fonctionnaires en lutte pour l’augmentation de leur salaire depuis quelques mois entrent dans le mouvement pour apporter leur soutien aux grévistes de la canne.
À partir du 11 février, les accès de l’usine Gardel au Moule sont bloqués par les grévistes. Le patron béké Amédée Aubéry fait intervenir les CRS pour assurer le fonctionnement de l’usine. Ainsi, du 11 au 13 février les CRS investissent la ville du Moule et terrorisent la population par des abus et autres brutalités. Le 14 février les travailleurs érigent des barrages à la sortie du bourg pour bloquer l’accès des chargements de cannes à Gardel. Les CRS ont fait feu sur la foule rassemblée, faisant quatre morts (Dulac Constance, Capitolin Justinien, Dernon Edouard, Serdot François) et une dizaine de blessés.
Une page sanglante du mouvement ouvrier à inscrire sur la liste des crimes coloniaux de la France, mais aussi sur la liste des démonstrations de force dont sont capables les travailleurs en lutte.