Depuis le 12 novembre, les salariés de la JIRAMA, société de distribution de l’électricité et de l’eau à Madagascar, sont en grève. En cause : la menace d’une privatisation déguisée de l’entreprise, qui impliquerait des réductions d’effectifs et la suppression de moyens, sous couvert d’un « redressement » aligné sur les exigences de la Banque mondiale.
Ces changements sont portés par le directeur général Ron Weiss, que les grévistes accusent de licenciements abusifs et d’avoir poussé les autorités à faire arrêter des syndicalistes. Ainsi, le président de l’un des syndicats à l’origine de la contestation a été interpellé le 12 novembre, tandis que le gouvernement décrétait la réquisition de tout le personnel de la JIRAMA.
Cette lutte menée aujourd’hui par les travailleurs s’inscrit dans la continuité du mouvement de révolte débuté le 25 octobre dernier. La jeunesse malgache était alors descendue dans les rues pour protester contre les coupures d’eau et d’électricité, conséquence depuis des décennies d’une gestion opaque et frauduleuse de ce service public. La révolte s’est conclue par le départ du gouvernement d’Andry Rajoelina, remplacé par le colonel Michael Randrianirina. Pour rappel, cet officier du CAPSAT, une unité d’élite de l’armée, avait contribué à porter Rajoelina au pouvoir en 2009.
Dès son arrivée à la tête de l’État, Randrianirina a nommé premier ministre, le 20 octobre, Herintsalama Rajaonarivelo, un banquier d’affaires, ancien président d’un des principaux groupements patronaux malgaches.
À l’issue de leur révolte en octobre dernier, les exploités ont su se faire craindre d’un pouvoir honni. Mais il leur reste à construire leur propre force politique.