CO N°1357 (11 octobre 2025) – Madagascar – La révolte populaire

L’ampleur de la colère populaire est illustrée par la prise d’assaut de l’aéroport de la capitale par une foule énorme le 24 septembre. Le bruit courait que le président rentrait des USA, aucun avion ne put atterrir ce jour-là. Il a fallu l’aide de la France et de l’ONU pour que le président rentre plus tard en catimini.

Le facteur déclenchant de cette mobilisation a été la publication dans « le journal officiel » que la Société de l’Énergie d’État se transformerait en Société Anonyme, donc à vocation commerciale. Pour une population vivotant dans une extrême pauvreté ce fut la goutte de trop ! Les travailleurs de l’entreprise JIRAMA qui s’occupe de l’eau et de l’électricité, se mirent en grève pour protester contre la privatisation et leurs conditions de travail infectes. Les travailleurs en grève profitèrent de leur mouvement pour s’adresser aux habitants des quartiers populaires leur en expliquant que cette mesure aggraverait encore la situation et livrerait l’eau et l’électricité aux mains des vautours du secteur privé.

Le chef de l’État Andry Rajoelina, préparant sa réélection pour octobre, tout en condamnant le mouvement, a déclaré « tant que je serai à la tête du pays, il n’y aura pas de privatisation de cette entreprise ».

Mais la colère était déjà trop profonde, La population privée de tout, d’eau, d’électricité 15 heures par jour voir 24 heures, a pris la rue début septembre, dénonçant les abus, la misère, le délabrement des services publics, la corruption. Aux avant-postes : les jeunes « Génération Z ou Gen-Z » des réseaux sociaux, rejoints par des étudiants qui n’ont d’autres perspectives que le chômage, par des travailleurs et mêmes certains élus municipaux.

La réponse du gouvernement fut la répression, au début mitigée car l’armée et la police étaient divisées sur le choix du président à soutenir aux prochaines élections : celui au pouvoir ou l’ancien qui voudrait revenir ? Mais la peur des masses en mouvement fut plus terrifiante que la peur de perdre une élection : les deux candidats firent alliance, et les tirs sur les manifestants purent commencer, faisant 20 morts et des centaines de blessés. L’exploitation, la misère, le pillage suscite aujourd’hui une vague de révoltes partout dans le monde. C’est en effet grâce aux combats que les exploités de la planète construiront leur avenir, débarrassé de l’exploitation capitaliste.