CO N°1344 (15 février 2025) – États-Unis – Il y a 60 ans : l’assassinat de Malcolm X

Malcolm X, l’un des Noirs américains les plus connus, fut abattu le 21 février 1965 dans le quartier de Harlem à New York en pleine réunion publique. Il avait quarante ans et militait contre l’oppression des Noirs américains.

Son enfance

Comme bien des Noirs américains, sa jeunesse fut marquée par la misère et la terreur raciste. Son père, un pasteur itinérant, prêchait le retour des Noirs en Afrique. Il subit les pressions et les menaces des Blancs racistes avant de mourir écrasé par un tramway en 1931. Ses proches ont toujours crié au meurtre. Restée seule, sa mère se débrouilla un temps pour élever ses huit enfants mais perdit la raison.

Malcolm réussit tout de même à suivre une scolarité. Très bon élève, il fut premier de sa classe. Mais il quitta le système scolaire après qu’un professeur lui aurait dit que ses aspirations à devenir avocat ne sont « pas du tout réalistes pour un nègre ».

À 13 ans, Malcolm fut envoyé dans une maison de redressement. Il devint un petit caïd des ghettos noirs de Boston et de New York, trafiquant d’alcool et de drogue. Après un cambriolage, en 1946, il fut emprisonné.

La prison

Enfermé à la prison de Boston, il se mit à dévorer les livres de la bibliothèque. C’est là que sa vie prendra un tournant radical.

Il rencontra la Nation of Islam (Les musulmans noirs), un groupe qui gagnait de l’influence dans les ghettos noirs du Nord. Ce mouvement recrutait dans les couches les plus déshéritées du prolétariat noir, de la jeunesse des ghettos et dans les prisons. Nombre de jeunes se radicalisaient contre le racisme et la ségrégation et voyaient les musulmans noirs avec sympathie.

La Nation of Islam

Organisation politico-religieuse, la Nation of Islam professait la religion du Coran, censée représenter la vraie religion des Noirs arrachés à l’Afrique et à qui la religion chrétienne a été imposée. Ils revendiquaient un État noir séparé du reste des États-Unis, prélude à un retour en Afrique. Ils critiquaient la non-violence prêchée par Martin Luther King et se voulaient prêts à rendre coup pour coup aux racistes.

Ils reniaient aussi leur nom de famille de naissance, très souvent hérité du propriétaire blanc qui avait maintenu leurs ancêtres en esclavage. C’est pourquoi en 1948, à 23 ans, Malcolm né Malcolm Little pris le nom « X », le nom africain inconnu de ses ancêtres réduits en esclavage.

À sa libération, en 1952, il devint un dirigeant de la Nation of Islam à Harlem.

À la recherche d’une autre voie

Quand le président Kennedy fut assassiné en novembre 1963, Malcom X laissa entendre aux médias que Kennedy, qui laissait la violence s’abattre sur les Noirs, l’avait bien cherché. Après ces propos, il fut suspendu par Elijah Muhammad, le dirigeant de la Nation of Islam.

En fait, derrière leur radicalisme, les dirigeants de la Nation of Islam n’excluaient pas la négociation avec l’État américain et ne voulaient pas trop le froisser.

Après avoir quitté la Nation of Islam, Malcolm X chercha une autre voie politique. Il fit un voyage en Afrique dans les pays nouvellement indépendants et rencontra les dirigeants nationalistes qui avaient mené des luttes anticoloniales radicales. Il fit le pèlerinage de la Mecque, où prient des musulmans de toutes origines. Il en revint aux États-Unis avec l’idée que le problème est l’exploitation capitaliste.

Il écrivit : « le capitalisme ne peut pas exister sans racisme ». Il fonda l’Organisation de l’unité afro-américaine.

Son assassinat

Le 21 février 1965, lors d’une réunion publique à Harlem en plein discours à la tribune, trois hommes installés dans l’assistance lui tirèrent dessus.

L’enquête a effectivement conclu que les tireurs étaient des musulmans noirs. Quoi qu’il en soit, cet assassinat convenait parfaitement aux autorités américaines, bien contentes de voir éliminé celui qui apparaissait alors comme le plus intransigeant représentant de la révolte noire.

Malcolm X était très populaire et ses funérailles furent une véritable manifestation.

L’impasse du nationalisme

Dans la majeure partie de sa vie militante, Malcolm X, tout comme les autres organisations noires, s’adressaient aux Noirs en tant que Noirs et pas en tant qu’exploités. C’était la principale limite de son combat alors que dans la première puissance capitaliste du monde, des millions de Noirs constituent une part importante de la classe ouvrière. Les travailleurs noirs sont au cœur de la machine à profit capitaliste.

Aujourd’hui encore, même avec les droits civiques, les Noirs restent les plus exploités. Face à la bourgeoisie américaine blanche et raciste, les travailleurs noirs devront construire leurs propres partis révolutionnaires aux États-Unis et partout dans le monde. Avec de tels partis, et en entraînant les travailleurs blancs et latinos, les Noirs devront orienter la lutte anti-raciste et les explosions ponctuelles vers une révolution sociale générale pour se débarrasser de l’exploitation de l’Homme par l’Homme.

C’est le programme des communistes révolutionnaires que nous sommes.